Lorsque j’écoute un raga, je sens que quelque chose se passe... Quelque chose de particulier que je ne retrouve dans aucun autre genre de musique. Qu’est ce donc? J’ai longtemps laissé cette question ouverte... Jusqu’à ce que je vois la musique sous le prisme de la non dualité. Loin d’avoir fait des études poussées sur les fondements de la musique indienne, je parlerai ici encore une fois de ma propre expérience - en tant que musicien, et grand amateur de musique indienne. On appelle raga un « morceau » en musique indienne, Je vous propose d'appuyer sur "play" et de continuer la lecture de l'article. Ici vous pouvez entendre le raga Jinjhoti par le joueur de flute bansuri Hariprasad Chaurasia, le joueur de santoor (instrument à cordes frappées) Shivkumar Sharma et le joueur de tabla (percussions) Kashinath Mishra. Dans un raga nous trouvons trois éléments: - un bourdon, ou note tenue par un instrument à corde appelé tanpura. Il jouera tout le long du raga sans interruption. - un ou plusieurs instruments solistes (sitar, flute, violon, chant, santoor…) - un instrument rythmique (tabla) Dans l’approche classique indienne de la non dualité (Advaïta Vedanta), il y a Brahman (le tout) d’où émerge atman (le soi). Brahman n’est pas descriptible, ni qualifiable. Brahman est « être », « juste être ». Atman est le soi limité qui inclus toutes les manifestations, les perceptions ( le mental, les sensations, la vision, les émotions… tout ce qui peut être perçu ). En d'autres termes : Atman est la vague. Brahman est l’océan. Atman est le soi limité. Brahman est le tout. Paradoxalement, atman est Brahman et Brahman est atman. . Et tu es Cela . L’écoute d’un raga nous mène à la même constatation. Ici le tanpura (note tenue) préfigure brahman. Ce roc inaltérable, imperturbable, intemporel. Quoi que l’on joue par dessus, le tanpura jouera la même note encore et encore. On aurait beau jouer "faux", parler ou crier que le tanpura ne bougerai pas d’un cil. C’est en cela même qu’au delà de la compréhension mentale, la simple écoute de telle musique nous « ramène à la maison ». Car ce "roc" inaltérable, imperturbable, intemporel est notre vraie nature - qui nous sommes vraiment vraiment. . Ainsi nous voila témoin de la plus extraordinaire des merveilles : la création. Reprenons depuis le début : . Le tanpura joue. Brahman Etre, juste Etre, l'infini sans forme ni temps . Au bout d'apparents éons de vide, émerge alors un objet perceptible. . Ici une flûte, un santoor Pourquoi? Comment? Que disent ils? Quel sens y a t il ? Aucun ! Aucun sens à tout cela ! Restons dans cet espace du "je ne sais pas" ! Le plus insondable mystère La plus extraordinaire découverte Simplement la joie, la félicité d'être, la célébration du maintenant ! La joie sans objet, l'infini émerveillement de chaque instant
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